Rouler sa bosse pour vivre ses rêves... ensemble !

Sillonner les routes en famille, à bord de leur roulotte, afin de vivre leur passion du spectacle, tel est le choix qu'ont fait Sophie et Marc il y a plus d'un an de cela. Ils partagent avec nous leur expérience et leurs motivations.

Depuis qu'ils se connaissent, Sophie et Marc ont le désir de vivre ensemble au quotidien, c'est-à-dire de rester le plus souvent ensemble possible. Depuis, leur famille s'est agrandie, ils ont trois enfants, mais ce désir ne les a pas quittés. Depuis plus d'un an, leur rêve a pris forme : ils vivent tous en roulotte, ce qui leur permet de vivre leur autre passion, la scène. En effet, ils ont créé leur compagnie, Les Montreurs d'Ombres, et proposent des spectacles d'ombres chinoises, auxquels leurs enfants participent.

Le grand saut

Sophie et Marc étaient ingénieurs. Mais leur métier ne leur permettait pas de vivre comme ils le souhaitaient. Marc explique : "Nous faisions du spectacle en loisir, depuis dix ans, mais nous ne pensions pas pouvoir en vivre, nous cherchions un autre projet à côté. Cela faisait cinq ans que nous cherchions une solution. Et puis, les peurs sont tombées et nous avons décidé de vivre ce que nous voulions vivre. L'été dernier, nous avons eu l'idée de la roulotte. Nous ne faisons que du spectacle, lequel nous permet d'avoir une raison concrète pour voyager avec la roulotte."

Un petit cocon

La roulotte est une petite maison en bois composée d'une pièce unique avec mezzanine et dotée d'une scène. "Ça nous permet de voyager tout en n'ayant pas à déménager sans arrêt : les enfants ont toujours leur espace, qui reste le même, explique Sophie. De plus, on voulait quelque chose de joli et d'attirant, qui fasse rêver les gens." La famille a appris à vivre avec très peu de choses en autonomie. Ils font leur pain et transportent de gros containeurs remplis de riz, de farine, etc.

Des enfants élevés autrement

Sophie et Marc ont découvert les couches lavables quand Pierre avait six mois. Il a aujourd'hui 5 ans, Paul en a 3 et Marie, 1. Avec Marie, ils pratiquent l'hygiène naturelle. Sophie raconte : "Ça a été une révélation. J'ai vraiment l'impression qu'elle a grandi différemment, du coup... Heureusement qu'elle n'a pas de couches dans la roulotte d'ailleurs, ça aurait compliqué les choses ! Sans couche, on se redonne confiance et on revient à l'intuitif. Idem pour l'allaitement." Paul est né à « domicile », dans un gîte. Marc explique : "On avait invité nos parents, ça a permis de tisser une relation forte avec nos enfants. Depuis, on essaie d'impliquer nos parents dans la vie de notre famille et ça marche bien."

Grandir en vadrouille

Marc et Sophie privilégient les festivals, pour offrir quelque chose de vivant à leurs enfants. Marc déclare : "Je pense que les parents sont les meilleurs accompagnants des enfants. Être parent, c'est un métier à plein temps durant toute la vie de l'enfant. Alors, ils sont avec nous et ils apprennent à vivre. Ils voyagent et découvrent beaucoup de choses. L'école, c'est du registre de la connaissance. Avec nous, c'est de l'ordre du vécu ! Je trouve mes enfants plus patients, plus conscients depuis que l'on est en vadrouille. Ils jouent avec nous durant les spectacles. Depuis l'été dernier, on a créé un spectacle spécialement pour eux. C'est un moyen de leur laisser l'occasion de faire avec nous, mais ce n'est pas une obligation, bien sûr." D'ailleurs, Pierre ajoute : "Parfois, je fais le spectacle avec eux, parfois non, ça dépend de mon humeur."

Inventer sa vie

Partout où ils vont, les gens leur réservent un bon accueil. Il y a quelques mois, ils ont décroché un gros contrat à Genève. "Les spectacles, c'est à la fois un moyen d'expression et une opportunité de rencontre avec les gens. On s'inspire de notre vécu dans nos spectacles", explique Marc. Sophie conclut : "On a gagné une grande confiance dans la vie. Avant, le fait de ne pas avoir de travail nous inquiétait. Aujourd'hui, on se dit que si ça ne marche pas, on fera autre chose. On laisse faire. La vie devient libre. Si les choses marchent, c'est qu'elles devaient marcher. Depuis qu'on vit en accord avec nous-mêmes, la chance nous sourit." Souhaitons leur bonne route !

Carine Phung